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Notes

Album

L’idée de Montréal Musica — un projet discographique illustrant la créativité montréalaise — m’est venue au début de la pandémie alors que les concerts et récitals étaient suspendus. La perspective d’ajouter des œuvres à mon répertoire et de les enregistrer m’a procuré un objectif vers lequel me concentrer, et le choix du programme s’est rapidement orienté vers des pièces contrastantes d’une compositrice et de huit compositeurs ayant un lien avec Montréal et qui ont, chacune et chacun à sa manière, marqué le paysage musical québécois, voire canadien.

Puisque je favorise d’emblée la diversité, les œuvres retenues couvrent un siècle de création (1918-2017) et englobent des styles d’écriture où la mélodie prédomine, du postromantisme au jazz, en passant par le minimalisme et le postmodernisme.

Vous trouverez ci-dessous des commentaires succincts au sujet des compositeurs et pièces au programme de l’album. En cliquant sur le nom de chacun des compositeurs, vous serez amenés vers une biographie détaillée qui s’ouvrira dans un nouvel onglet.

Courts métrages & vidéos musicales

D’abord simplement un projet album, Montréal Musica s’est bonifié, au fil des mois, par huit courts métrages et vidéos musicales réalisés par des cinéastes primés — une grande première au pays. Toujours dans une optique de diversité, les genres comprennent la fiction, la danse, l’animation expérimentale, le mini-documentaire expérimental et, bien entendu, la musique.

L’ajout d’images à la musique accroîtra la portée de l’album en rejoignant un plus large public et mettra en valeur non seulement les œuvres pianistiques, mais également le travail artistique des réalisatrices Moïa Jobin-Paré et Lou-Théa Papaloïzos, et des réalisateurs Caio Amon et Yann-Manuel Hernandez.

Bonne écoute et bon visionnage !
Marc Bourdeau, 2023


Programme

Claude Champagne, 1941 (photo: Conrad Poirier)

Claude Champagne (1891-1965)

Figure de proue dans l’histoire de la musique au Québec et au Canada, le compositeur montréalais Claude Champagne signe plus de 40 œuvres. Par ses vastes activités de pédagogue et d’administrateur — notamment au Conservatoire de musique de Montréal, à l’École de musique Vincent d’Indy, à l’École normale de musique et au McGill Conservatory — il établira les bases, au Québec, d’une pédagogie moderne pour la formation des jeunes musiciens et musiciennes. La liste des compositrices et compositeurs qu’il a formés comprend entre autres Pierre Mercure, Violet Archer, Clermont Pépin, Micheline Coulombe Saint-Marcoux, François Morel, Gilles Tremblay, et Serge Garant.

Il reçoit plusieurs prix et distinctions, dont la Médaille du Conseil des arts du Canada, des doctorats honorifiques de l’Université de Montréal et du Chicago Conservatory College, et la Médaille Bene merenti de patria de la Société Saint-Jean-Baptiste. Une avenue et une salle de concert à Montréal portent son nom.

Claude Champagne compose le diptyque Prélude et filigrane en 1918, avant le séjour d’études et de perfectionnement qu’il effectuera à Paris de 1921 à 1928. L’œuvre est dédiée à Léo-Pol Morin qui en fait la création à Montréal le 3 décembre 1918.

Outre une écriture qui rappelle l’école française de la seconde moitié du 19e siècle, la principale caractéristique du Prélude réside dans le fait qu’aucune des phrases musicales ne se clôt de manière conclusive, chaque fin suspensive ouvre la voie à la prochaine phrase. Comme le suggère son titre, Filigrane est formée de brefs motifs tour à tour ascendants et descendants, délicatement assemblés, le tout posé sur une pulsation rythmique à trois temps.

Œuvre inédite composée le 2 février 1944 et dédiée à ses filles Monique et Jacqueline, le Prélude « À mes filles » est une pièce simple en deux parties. Le thème de la première section est d’abord joué dans le médium puis repris dans un registre plus grave. La mélodie de la seconde partie, plus mouvementée, s’intensifie progressivement jusqu’à un point culminant qui, à son tour, cède au retour abrégé et calme du premier thème.

Oscar Peterson, 1963 (photo: Roger Saint-Pierre)

Oscar Peterson (1925-2007)

Originaire de Montréal et largement considéré comme l’un des plus grands pianistes de l’histoire du jazz, Oscar Peterson mène une brillante carrière internationale pendant 60 ans, se produisant sur d’innombrables scènes prestigieuses aux quatre coins du globe. Il enregistre plus de 200 disques, en solo ou avec son trio, son quartet, ou des artistes tels Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Billie Holiday, Count Basie, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Duke Ellington, Stan Getz, et Nat King Cole.

Outre son intronisation au International Jazz Hall of Fame et au Panthéon de la musique canadienne, la longue liste des prix et distinctions que mérite Oscar Peterson comprend huit Prix Grammy, le Praemium Imperiale, le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, le Prix Glenn Gould, le Prix du Conseil international de la musique de l’UNESCO, le Prix BBC pour l’ensemble de sa carrière, l’Ordre du Canada, l’Ordre national du Québec, l’Ordre des Arts et des Lettres (France), l’Ordre de l’Ontario, et 15 diplômes honorifiques.

Postes Canada émet un timbre en son honneur en 2005 et la Monnaie royale canadienne émet une pièce de monnaie à son hommage en 2022. Une avenue et une salle de concert à Mississauga portent son nom, ainsi qu’une salle de concert, un parc et une place (prévue pour 2025) à Montréal.

Hymn To Freedom est l’une des premières compositions majeures d’Oscar Peterson. Son impresario Norman Granz l’encourage à écrire une pièce qui évoque les débuts du blues, souhaitant par la même occasion utiliser le jazz comme moyen de promouvoir la justice sociale. Peterson tire son inspiration des « Spirituals » qu’il avait entendus, enfant, dans les églises montréalaises, cherchant à conserver l’émouvante beauté dépouillée des hymnes religieux traditionnels.

Il enregistre Hymn To Freedom en décembre 1962 à Los Angeles, en compagnie du contrebassiste Ray Brown et du batteur Ed Thigben. La pièce paraît sur le microsillon Night Train publié par Verve Records en 1963 et deviendra l’un des plus grands succès commerciaux et l’une des plus importantes compositions de la carrière d’Oscar Peterson. Elle est rapidement adoptée à travers le monde comme l’hymne du Civil Rights Movement.

Peterson définissait le jazz comme une « composition instantanée » et il lui arrivait d’élaborer une pièce pendant un concert. Love Ballade est l’un de ces morceaux, composé spontanément en mai 1984 lors d’un spectacle dans une boîte de jazz de Washington DC. Imprégnée de tendre lyrisme et de mélancolie intemporelle, cette pièce, dédiée à son épouse Kelly Green-Peterson, illustre la palette raffinée des couleurs harmoniques qu’emploie ce remarquable pianiste, compositeur et improvisateur.

Il enregistre Love Ballade en novembre 1986, lors d’un concert présenté au Westwood Playhouse de Los Angeles, version qui figure sur l’album Time After Time publié par Pablo Records. Ses partenaires sont le guitariste Joe Pass, le contrebassiste David Young, et le batteur Martin Drew.

The Gentle Waltz, une autre composition inspirée et touchante, est enregistrée en mars 1990 au Blue Note, le légendaire club de jazz new-yorkais, et se trouve sur l’album Encore At The Blue Note publié en 1993 par Telarc Jazz. À cette occasion, le guitariste Herb Ellis, le contrebassiste Ray Brown et le batteur Bobby Durham se joignent à Oscar Peterson dans une interprétation des grands jours, pleine d’âme et d’imagination.

François Morel, ca. 1970 (photo: Bruno Massenet)

François Morel (1926-2018)

Contrairement à plusieurs de ses confrères, le compositeur montréalais François Morel réalise l’ensemble de sa formation musicale au Québec. Depuis Antiphonie — dont la création en 1953 sous la direction de Leopold Stokowski au Carnegie Hall marque le début officiel de la carrière de Morel en tant que compositeur — il a écrit quelque 50 œuvres. Compositeur et chef d’orchestre pigiste, il collabore pendant plus de 25 ans avec Radio-Canada, ce qui l’amène à concevoir la musique de nombreuses émissions et séries, et plus de 100 musiques de scène pour des téléthéâtres. Il enseigne à l’Université Laval de 1979 à 1997 et reçoit l’Ordre national du Québec en 1994, et le Prix Denise-Pelletier (Prix du Québec) en 1996.

François Morel compose ses Deux études de sonorité en 1952-1953 alors qu’il termine ses études au Conservatoire de musique de Montréal. L’œuvre est publiée en 1954 et Morel en assure lui-même la création cette même année dans le cadre d’un concert présenté par Musique de notre temps, une société musicale qu’il fonde en 1953 avec ses collègues, les compositeurs Serge Garant et Gilles Tremblay.

L’influence d’Olivier Messiaen et des modes à transposition limitée est perceptible dans la manière dont Morel organise les éléments mélodiques et harmoniques. La vitalité rythmique, particulièrement présente dans la seconde étude, n’est pas sans rappeler l’écriture de Béla Bartók.

De caractère essentiellement lyrique, l’Étude de sonorité nº 1 couvre pour ainsi dire tout le clavier et explore l’étagement et le contraste des timbres, des registres et des nuances. Le thème initial de l’Étude de sonorité nº 2, brillante et animée, est ponctué d’accents rythmiques irréguliers et de rapides passages descendants. Le thème expressif de la partie centrale, plus lente, gagne progressivement en ampleur ; une transition entame le retour de l’énergie rythmique du début. Après un trait véloce jusqu’au registre suraigu, suivi d’un accord en résonances harmoniques, la pièce se termine par une vigoureuse descente vers l’extrême grave.

Les Deux études de sonorité connaissent un grand succès auprès des pianistes et des pédagogues québécois et canadiens.

André Mathieu, 1940 (photo: Conrad Poirier)

André Mathieu (1929-1968)

Surnommé le « Mozart canadien », c’est très tôt que le pianiste et compositeur montréalais André Mathieu révèle un talent exceptionnel : il compose dès quatre ans, donne son premier récital public à six ans et fait ses débuts avec orchestre à sept ans. Il effectue des études à Paris et New York, se produit entre autres à la Salle Pleyel, la Salle Gaveau et trois fois au Carnegie Hall, et réalise des tournées européennes et nord-américaines. Sa popularité décline néanmoins lorsqu’il atteint l’âge adulte. Une appréciation renouvelée de son œuvre naît dans les années 1990, notamment grâce aux enregistrements du pianiste montréalais Alain Lefèvre.

André Mathieu a neuf ans, en mai 1938, lorsqu’il compose sa Berceuse. Écrite durant son premier séjour d’études à Paris, c’est l’une des pièces les plus abouties de cette période de développement du jeune musicien. Elle est dédiée à Jacques de La Presle, son professeur de composition.

Composé en novembre 1951, le Prélude romantique compte, avec le Concerto de Québec et Printemps canadien, parmi les œuvres les mieux connues de Mathieu. Une pièce finement ciselée et marquée d’une suave nostalgie, le contour mélodique sinueux et la fluidité harmonique des idées musicales du Prélude romantique se rapprochent de l’improvisation.

Jacques Hétu, 1984 (photo: Takashi Seida)

Jacques Hétu (1938-2010)

Professeur à l’Université du Québec à Montréal de 1979 à 2000, Jacques Hétu étudie au Conservatoire de musique de Montréal puis à Paris dans les classes d’Henri Dutilleux et d’Olivier Messiaen. L’un des compositeurs canadiens les plus joués au pays et à l’étranger, Hétu reçoit des commandes de nombreux organismes, dont les orchestres symphoniques de Montréal, Toronto et Québec, Radio-Canada, la Vancouver New Music, et la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ). Son catalogue comprend plus de 80 œuvres. Membre de la Société royale du Canada, de l’Ordre du Canada et de l’Ordre national du Québec, il remporte également un Prix Juno et sept Prix SOCAN.

Composé en 2003, Impromptu est une commande du Concours musical international de Montréal (CMIM) pour l’édition 2004 consacrée au piano.

L’œuvre, dédiée à David Fray et créée en mai 2004, comprend trois sections enchaînées : adagio, allegro, adagio. La section lente initiale fait entendre une atmosphère de rêverie, délicatement expressive. La section centrale présente un caractère impétueux et s’apparente, par la forme, au rondo. Après un point culminant d’intensité, le retour abrégé de la section lente rappelle le climat serein du début.

Au niveau pianistique, Impromptu mise sur les contrastes de nuances, de sonorités et de timbres, tandis qu’au niveau harmonique, l’accord parfait majeur avec une sixte mineure ajoutée constitue une couleur privilégiée. Dans son ensemble, l’œuvre fait appel au langage de la tonalité élargie, issu de l’emploi de modes modernes.

John Rea, 2015 (photo: Justine Latour)

John Rea (1944)

Originaire de Toronto, John Rea est professeur à l’École de musique Schulich de l’Université McGill (Montréal) de 1973 à 2019. Il a composé quelque 50 œuvres, incluant des commandes de l’Orchestre symphonique de Montréal, Radio-Canada et CBC, le quatuor Arditti, Radio France, le Théâtre d’Aujourd’hui, l’Ensemble Court-Circuit, Esprit Orchestra, le Nouvel Ensemble Moderne, et le Musikkollegium Winterthur. Il reçoit à deux reprises le Prix Jules-Léger pour la nouvelle musique de chambre, d’abord en 1981 pour Com Possession, puis en 1992 pour Objets perdus.

Las Meninas, le chef-d’œuvre peint par Diego Velázquez en 1656, est l’une des réalisations les plus remarquables de l’histoire de la peinture occidentale en raison de la manière dont sa composition complexe et énigmatique soulève des questions sur la réalité et l’illusion, et la relation ambigüe qu’elle crée entre l’observateur et les personnages représentés. La structure à niveaux multiples de cette toile intrigue un grand nombre d’historiens et d’artistes, dont Picasso qui, en 1957, peint 44 variations de ce tableau.

Dans les 21 variations « transformelles » qui composent son propre Las Meninas (1990-1991), John Rea prend comme point de départ les 13 courtes pièces des Kinderszenen de Robert Schumann, les présentant avec des points de vue changeants et selon les perspectives de plusieurs observateurs, ces derniers étant principalement d’autres compositeurs. Autrement dit, Rea varie Schumann vu par Satie, Glass ou Stravinsky.

Il n’est pas nécessaire de déceler les références et citations musicales ingénieusement employées par John Rea pour apprécier les six pièces extraites de Las Meninas. Mais pour les mélomanes que cela intéresse, on relèvera Pagodes de Debussy (à Alexina Louie), Cityscapes et le ragtime (à James Hartway), l’écriture minimaliste de Einstein on the Beach (à Philip Glass), Voiles (à la mémoire de Claude Debussy), la Première Gymnopédie (à la mémoire d’Erik Satie), et Le Sacre du printemps (à la mémoire d’Igor Stravinsky).

Une commande de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) pour le pianiste Yvar Mikhashoff, la création de Las Meninas a lieu à Montréal le 14 avril 1991.

Denis Gougeon, 2014 (photo: David Boily)

Denis Gougeon (1951)

Professeur à l’Université de Montréal jusqu’en 2019, Denis Gougeon reçoit des commandes de nombreux ensembles et organismes, dont l’Orchestre symphonique de Montréal, l’Orchestre philharmonique de Radio France, Radio-Canada, le Bayerisches Staatsballett (Munich), le Théâtre UBU, les Percussions de Strasbourg, et la Canadian Opera Company. Il compose plus d’une centaine d’œuvres, remportant notamment un Prix Juno, deux Prix Opus et cinq Prix SOCAN.

Piano-Soleil (1990) est une commande du Concours de musique du Canada pour l’épreuve Tremplin international. L’une des dix pièces regroupées sous le titre Six Thèmes Solaires, Piano-Soleil est également la plus importante de ces pièces puisqu’elle génère la musique de toutes les autres planètes.

Symbole d’énergie brute, de chaleur intense et de rayonnement, l’énergie-lumière du soleil éclaire différemment chaque planète ; les neuf autres pièces du groupe (Trompette-Mars, Voix-Vénus, Saxophone-Mercure, Violoncelle-Pluton, etc.) constituent des variations sur la musique-lumière de l’astre solaire.

Dans ces dix pièces, Denis Gougeon remet volontairement en question le concept habituel de virtuosité. En jouant avec la structure musicale et par l’utilisation de techniques instrumentales récentes, il élargit l’inventaire des mécanismes de l’expression et permet à l’interprète de révéler une sensibilité toute personnelle.

Piano-Soleil commence et se termine par des passages où se succèdent traits torrentiels et accords tumultueux. La partie centrale contrastante, dans laquelle se déploie une ample mélodie en notes répétées, revêt un caractère nettement plus rêveur et paisible, presque suspendu dans le temps. Dédiée à Jacques Hétu, Piano-Soleil est créée en juin 1990 au Centre national des Arts (CNA) à Ottawa.

Rachel Laurin, 2013 (photo: Jonathan Maher)

Rachel Laurin (1961-2023)

Originaire de la région montréalaise, l’organiste et compositrice Rachel Laurin se consacra pleinement à la composition et au concert. Son catalogue comprend plus d’une centaine d’œuvres, récoltant plusieurs prix parmi lesquels le Holtkamp-AGO Composition Award, le Premier Prix au Concours International de Composition OrgelKids, le Pogorzelski-Yankee Organ Composition Award, et le « Distinguished Composer Award » du American Guild of Organists. Elle était « House Composer » aux éditions Wayne Leupold de 2006 jusqu’à son décès à l’été 2023.

Jour de pluie et Sieste caniculaire font partie de la suite Esquisses d’été, composée du 22 au 30 juillet 2017 — une commande du Centre de musique canadienne au Québec pour son Concours de musique québécoise pour jeunes pianistes.

Pour citer Rachel Laurin : « C’est dans l’esprit de spontanéité et de scène croquée sur le vif que j’ai composé ces sept courtes pièces ayant pour thème les plaisirs simples de la belle saison d’été. J’ai toujours aimé l’aspect visuel associé à la musique, cette action, cette mise en scène suggérées par les couleurs harmoniques et sonores, la structure, l’accentuation rythmique et l’expression mélodique. »

À la manière d’une berceuse, la mélodie calmement ondoyante de Sieste caniculaire est jouée dans le registre grave, tel un violoncelle. La musique évoque le farniente d’une belle journée d’été à la campagne.

Pièce descriptive, Jour de pluie suggère, par un flot tranquille et ininterrompu de doubles croches, le bruit constant des gouttes. Ici et là, de brefs passages plus mélodiques émergent, tantôt repris en écho par la main gauche. De ravissants enchaînements harmoniques complètent ce tableau empreint de tendre nostalgie.

Marc-André Hamelin, 2020 (photo: Sim Cannety-Clarke)

Marc-André Hamelin (1961)

Originaire de Montréal, le pianiste et compositeur Marc-André Hamelin mène une remarquable carrière internationale depuis plus de 30 ans. Parmi ses prix et distinctions figurent sept Prix Juno, 11 nominations aux Grammy, l’Ordre du Canada, l’Ordre national du Québec, et membre de la Société royale du Canada.

C’est d’abord par la miniature qu’il aborde la composition dans les années 1980, interprétant lui-même l’une ou l’autre de ses courtes pièces, souvent en guise de rappel.

Il conçoit Music Box le 5 octobre 1986 lors d’un trajet de train entre Montréal et Philadelphie. Faisant allusion à la ritournelle que produit le mécanisme délicat d’une boîte à musique, l’écriture rappelle le minimalisme.

Composée à Londres le 23 janvier 1997, la lente Berceuse (in tempore belli), toute en douceur, étale une longue mélodie au contour surtout descendant, portée par des accords serrés et riches.